Cameroun: l'eau potable de retour dans la localité de Makary, dans le nord du pays
L’état du système d'approvisionnement en eau potable est préoccupant dans certaines localités de l'Extrême-Nord du Cameroun où l'eau est une denrée rare, du fait notamment de l'avancée du désert. Sa réhabilitation est donc plus que nécessaire. Les infrastructures existantes comme les puits et les forages sont souvent pollués, et sont la cause de plusieurs maladies hydriques. À Makary dans le Logone-et-Chari, il arrive que les populations passent des mois sans eau courante.
Après plusieurs mois, l'eau coule enfin à Makary, un petit village enclavé du Logone-et-Chari, dans le bassin du lac Tchad. Devant son robinet, au quartier Galmé, Bakary Chimalma, un chef de famille de 50 ans, est ravi de voir couler le précieux liquide : « L'eau coule normalement la nuit comme le jour. Avec le groupe, on avait des sérieux problèmes. Des fois, le groupe était en panne à cause de la batterie ou soit c'est le carburant qui manquait et le groupe ne fonctionnait pas. »
Le village n'étant pas alimenté en électricité, la station de production d'eau utilisait un groupe électrogène, souvent en panne, parfois pendant plusieurs mois. Pour y remédier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a installé une nouvelle pompe alimentée par des panneaux solaires. Haman Mohamadou est délégué de la région de l'extrême nord pour Camwater, la société camerounaise de distribution d'eau : « Ça résout le casse-tête qu'on a pour le fonctionnement du groupe électrogène. En fait, le carburant est acheté à Kousseri et nous trouvons un moyen pour l'acheminer ici à Makary. Aujourd'hui, nous pompons de l'eau gratuitement. »
Très coûteux
Les premières familles bénéficiaires du retour de l'eau potable trouvent cependant que son coût est élevé. Pour certaines de ces familles, payer plus de 10 000 francs CFA par mois, environ 15 euros, est difficilement supportable. La plupart des habitants de la région vivent avec moins de 500 francs CFA par jour, soit moins d'un euro : « Ça doit baisser ! Avant, c'était le carburant qu'ils utilisaient, maintenant, il y a les panneaux solaires donc ils économisent le carburant. Avant ça coutait combien ? Nous n'avons jamais dépassé 5 000 francs. Il y a des camarades qui ont payé 15 000 francs. »
Pour ces villageois, c'est parfois le prix à payer pour une meilleure santé, car le retour de l'eau potable signifie aussi une diminution des maladies hydriques. C’est ce qu’a constaté Liman Adam, secrétaire de l'hôpital local : « C'est visible sur nos résultats. On a souvent beaucoup de cas de fièvres typhoïdes, de schistosomiase. Ces derniers mois, cela a considérablement baissé. Actuellement, il y a de l'eau potable 24 heures sur 24. Les populations ravitaillent moins d'eau de forage, de sources ou encore de puits, souvent dangereux pour la santé. »
Actuellement, près de 100 familles sont approvisionnées en eau potable à Makary. Un début certes, mais c’est loin d’être satisfaisant dans une localité quasi désertique où plus de 300 ménages n'ont pas accès à l'eau potable.
Cet article a été publié sur RFI.