Campagne référendaire au Tchad: une subvention exceptionnelle attribuée aux partis politiques fait polémique

Au Tchad, le gouvernement a annoncé que tous les partis politiques recevraient une subvention à titre exceptionnel. Le ministère des Finances déclare que chaque formation politique légale, reconnue et en activité sous la transition recevra un soutien d’un montant unique et égal à chaque parti. Une annonce qui fait polémique. Certains soupçonnent le pouvoir de financer le camp du « oui » au référendum constitutionnel du 17 décembre.

Selon Max Kemkoye, interrogé par Sébastien Nemeth, c’est une enveloppe de 3,6 millions de francs CFA, soit 5 500 euros, que l’État du Tchad s’apprête à donner à chacun des plus de 250 partis reconnus au Tchad. Mais à quelques jours du référendum, le président de l'Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP) parle d’un acte illégal, destiné à financer le camp du « oui », puisqu’une grande majorité de formations soutiennent la réforme : « C’est les 200 partis politiques satellites mis ensemble, c’est déjà dans l’ordre de 720 millions de francs CFA pour un camp [environ 1,1 million d’euros, NDLR] contre, par exemple, dans le camp du "non", une dizaine de partis politiques. Donc, ça fausse déjà l’égalité des compétitions en la matière. Ces partis politiques ne sont que des partis satellites. Donc, il faut que cet argent là, tout ça mis ensemble, c'est une façon de se tailler une part de lion pour aller en campagne. »

Côté partisans du « oui », on rétorque que cette subvention n’est que le respect d’une promesse faite par le président Mahamat Idriss Déby en fin d’année dernière. Jean Bernard Padaré, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), réplique : « C’est une fausse polémique. D’abord, la promesse avait été faite avant le début de la campagne. Deuxièmement, cette subvention est attribuée à tous les partis politiques. Moi, je me réjouis parce qu’il y a des partis qui n’ont pas suffisamment de moyens et donc des militants pour pouvoir avoir des cotisations et battre campagne. Il faut quand même un minimum à tous les partis pour qu’ils puissent sur le terrain défendre leur position. C’est une décision vraiment juste bienvenue. »

Jean-Bernard Padaré estime donc que le « non » aura lui aussi les moyens de faire campagne. Max Kemkoye, lui, demande qu’on applique simplement la loi qui prévoit le versement de 5 millions par an, indépendamment de toute considération électorale.

Cet article est publié sur RFI.

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