Centrafrique: la place de l'artisanat dans l'économie à Bouar, près de la frontière camerounaise

Dans l'ouest de la Centrafrique, la ville de Bouar fait partie des régions les plus réputées en matière d’artisanat. L'économie de cette localité repose en partie sur les œuvres d'arts, grâce au centre artisanal créé en 2007 qui a formé un millier de jeunes. Ils mettent sur le marché national et sous-régional des produits de valeurs pour gagner leur vie.

Le centre artisanal de Bouar est une maison de 20 mètres sur 10, située à l'entrée de la ville sur la colline « Cote 45 ». On y trouve des œuvres d'arts de tout genre, parmi lesquelles des vêtements traditionnels, des biens immobiliers, des sculptures, des bracelets, des tableaux et diverses poteries.

« J'ai créé ce centre en 2007, raconte Thomas Zengaï qui était auparavant ébéniste. Je travaille avec une équipe de 20 personnes. Chaque année, nous organisons ce qu'on appelle des campagnes d'exportation de nos œuvres à Yaoundé, Douala, Gaoundéré et Maoua au Cameroun. Cette campagne se fait trois fois dans l'année. Chaque exportation nous rapporte au moins 2 000 000 de francs CFA dans la caisse et les clients apprécient nos œuvres. »

Ces trois campagnes d'exportation rapportent chaque année environ 6 millions de francs CFA au centre artisanal de Bouar. Détenteurs d’un véritable savoir-faire d’exception, ces artisans connaissent également l’importance de la transmission. « En cinq ans, j'ai appris beaucoup de choses, témoigne Blaise, un des artisans formés dans ce centre. Je suis fier d'être un sculpteur bien outillé. Ici, nous utilisons des produits bruts purement centrafricains. Il s'agit des ébènes, des acacias, des melinas ou encore des tecks. Parmi nos clients, on compte beaucoup d'expatriés. Ils achètent nos œuvres et les envoient comme cadeaux dans leurs pays. Ça nous aide à avancer. »

Le centre artisanal de Bouar fait partie des rares petites entreprises qui possèdent un compte bancaire. « On s'organise comme une ONG et c'est ce qui fait notre force, explique Thomas Zengaï. Nous avons un compte bancaire chez Express Union. Chaque mois, chacun touche un salaire raisonnable, ce qui lui permet de prendre en charge sa famille. L'artisanat est très important. Ça fait partie des facteurs du développement d'un pays. »

À Bouar, l'artisanat permet à ces jeunes de gagner leur vie et surtout, d'éviter de quitter la ville pour chercher du travail ailleurs. En 2017, une loi portant sur le code d'artisanat a été élaborée, adoptée et promulguée en Centrafrique. Cette loi donne le pouvoir aux artisans de jouir des droits d'auteurs et de percevoir des indemnités en guise de propriété intellectuelle. Mais plusieurs artisans exercent leurs métiers d’une manière informelle faute de financement. Une situation qui a occasionné un retard en matière du développement de l'artisanat dans le pays.

Cet article a été publié sur RFI.

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