Congo-Brazzaville: le gouvernement impose une hausse de 25% des prix du super

Depuis ce week-end, le prix du super a subi une très forte augmentation : +25%. Le gouvernement se justifie en disant suivre les conseils du Fonds monétaire international. Le FMI qui préconise de stopper les subventions des produits pétroliers. Les associations des consommateurs quant à elles dénoncent le manque des mesures d’accompagnement et craignent une inflation des produits de première nécessité.

Dans cette station service du quartier communément appelé Château d’eau, au sud de Brazzaville, ce chef de famille est venu s’approvisionner dans sa berline en compagnie de son épouse.

Le litre du super qu’il achetait la veille à 625 francs CFA est passé à 775 francs CFA, soit une augmentation de 25%. Il n’en revient pas. « Je crois qu’avant d’augmenter les produits, il fallait d’abord augmenter les salaires. On a commencé à augmenter les choses depuis un moment. Ça dérange », déplore-t-il.

Ce chauffeur de taxi visiblement en colère proteste également contre les nouveaux tarifs du carburant parce que le prix de sa course reste le même. « Le chauffeur [de taxi] est devenu très esclave parce qu’il doit donner le versement [à son patron] et acheter le carburant. Est-ce que je laisse ce boulot ? Je rentre au village ? Sinon, comment je vais faire ? », demande le chauffeur.

Vers une inflation importante

En janvier dernier, le prix de l’essence avait d’abord augmenté de 5%. Cette fois-ci, à 25%, Mermans Babounga de l’Observatoire des droits des consommateurs estime que l’inflation sera importante. « Le transport est le maillon essentiel qui permet de ravitailler tous les marchés, y compris même ceux qui sont dans la prestation des services qui pourraient utiliser du carburant. Ça va impacter tout ce monde », prévient Mermans Babounga.

De son côté, Cyrille Ndzoundou, président du groupe des transports terrestres du Congo, pense que, sans mesures d’accompagnement, les autorités ont mis la charrue avant les bœufs. « Ce gouvernement est passé à l’augmentation pour vouloir discuter [avec la société civile] après. Ce qui veut dire que nous subissons la loi du gouvernement, ce qui ne nous arrange pas, parce que jusqu’aujourd’hui, nous avons des difficultés pour joindre la recette et le carburant. »

« Nous devons savoir dire la vérité à nos populations »

Le gouvernement dit avoir revu les prix à la hausse en suivant les conseils du FMI qui lui demande d’arrêter avec les subventions des produits pétroliers. Des subventions qui lui coûtent au moins 300 milliards de francs CFA par année. 

Le souhait serait d’orienter cette manne vers les secteurs tels la santé et l’éducation. « Nous devons savoir dire la vérité à nos populations, et commencer à affronter la réalité des prix », déclare Anatole Collinet Makosso, chef du gouvernement congolais. « Petit à petit, nous revisitions notre modèle économique ; un modèle qui a été longtemps influencé par l’intervention de l’État. »

En coulisse, le gouvernement redoute une spirale inflationniste.

Cet article a été publié sur RFI.

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