Congo-Brazzaville: les «Vendredis de l'entreprise», l'informel face au défaut de financements
L'événement rassemble les représentants du patronat congolais ainsi que des personnalités porteuses de projets. La seconde édition des « Vendredis de l'entreprise » s'est tenue fin mai. Elle a notamment été marquée par un débat sur les mécanismes de financements des PME, car ces dernières – mal organisées – rencontrent des difficultés pour accéder aux banques.
De notre correspondant à Brazzaville.
Comment financer l'informel, principale préoccupation des PME congolaises, venues nombreuses écouter Branham Kintombo alors que le secteur représente 94% de l'économie congolaise. Le directeur général par intérim du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement des PME et de l’artisanat, le Figa tente de donner des réponses face aux blocages de financements bancaires.
« Plusieurs micro-entreprises ne peuvent pas accéder aux financements parce qu’ils ne sont pas formalisés. Vous avez également les questions relatives à la tenue de la comptabilité. Vous avez en plus les questions de siège. Plusieurs promoteurs et opérateurs économiques ont leurs entreprises dans les sacs. Comment voulez-vous qu’une banque puisse accompagner une entreprise qu’on ne peut pas identifier », explique-t-il.
Des résultats dans la micro-finance
C’est dans le but de régler tous ces problèmes que les autorités ont mis en place le Figa en 2021. Son but : assurer l’intermédiation financière entre les PME et les établissements bancaires et ceux de micro-crédits. Et des résultats, il y en a essentiellement dans la micro-finance, d'après Branham Kintombo. « Entre le mois de mars et d’avril (2023), le Figa a pu accompagner avec le partenariat des micro-finances. Pour un stock de 340 millions de francs CFA [518 326 euros, NDLR] nous avons pu toucher 439 bénéficiaires pour la plupart des micro-entreprises », détaille-t-il.
De son côté, Jacqueline Lydia Mikolo, ministre des PME, qui patronne les Vendredis de l’entreprise, salue le plaidoyer mené par le gouvernement. « Nous sommes arrivés quand même à avoir des produits, avec la banque Ecobank par exemple, qui permettent aux artisans d’ouvrir leurs comptes bancaires sans un seul franc. Il suffit d’avoir sa carte d’artisan », se réjouit-elle.
Une majorité de TPE qui échappe aux prêts bancaires
Le Figa a accompagné, entre autres, les coopératives des pêcheurs ou encore les maraîchers. Mais aussi la micro-industrie. Samuel Tsimba Mbila est promoteur d’une société de production de la craie scolaire blanche et de couleur. « Au départ, avec nos propres moyens, nous étions capables de produire 200 boîtes de craie par jour. Mais, avec le financement que nous venons d’obtenir grâce au Figa, nous allons quintupler notre capacité de production », promet-il.
Aux Vendredis de l’entreprise, les dix banques commerciales présentes au Congo ont été qualifiées de frileuses, exigeant trop de conditionnalités pour financer les PME. Une accusation battue en brèche par Milord Alkama, directeur d’exploitation de la Congolaise de banque (LCB). « Nous les finançons déjà dans tous les domaines : la technologie, l’agriculture, l’agroalimentaire, les pharmacies… Tenez-vous bien avec des contraintes très allégées », se défend-il.
Mais l'immense majorité des TPE échappe encore trop largement aux prêts bancaires. Pour une meilleure régulation, les autorités veulent qu'elles s'enregistrent, sans réel succès jusqu'à présent.
Cet article a été publié sur RFI.