Dans l'Extrême Nord du Cameroun, la formation professionnelle comme remède au terrorisme

Au Cameroun, des centaines de jeunes sont formés sur des chantiers dans la région de l'Extrême Nord, marquée par un contexte économique fragile et une situation sécuritaire dégradée due à la récurrence des conflits armés autour du bassin du lac Tchad. Dans le Logone et Chari, les jeunes apprennent un métier pour éviter le piège du terrorisme.

Dans le village de Arkis, à une dizaine de kilomètres de Kousseri, une bâtisse imposante faite de briques de terre cuite, se dresse majestueusement au milieu des cases. Le bruit de la table vibrante trouble le calme habituel du Sahel. Ousmanou est apprenti. Il fabrique les derniers pavés de la journée. « J'ai besoin d'une quantité de sable, d’une quantité de gravier, de ciment. Je dois mélanger tout ça ensemble, ajouter de l’eau, avant de placer le tout dans un moule qui va lui donner cette forme. Avant d'arriver ici, je ne savais pas faire tout ça. »

Nous sommes sur le futur site du magasin de stockage de Arkis. Au moins 150 jeunes déscolarisés et sans emploi du Logone et Chari ont été formés pendant six mois et ont participé à la construction de ce magasin. Ils ont été initiés à la fabrication des pavés, des blocs de terre cuite et des tuiles. « Au vu de ce que nous avons observé, ces jeunes sont opérationnels, témoigne Camille Bounkeu, l'un de leurs formateurs, membre de la Mission de promotion des matériaux locaux. À les voir faire ce qu'ils ont appris, nous pouvons dire qu'ils sont prêts à exercer le métier. Qu’il s’agisse de produire les matériaux, ou de les assembler. Apprendre un métier est un privilège dans cette zone quasi désertique où les opportunités sont rares. »

Réduire la pauvreté

Lutter contre le terrorisme et encourager l'entrepreneuriat, telle est l'ambition du Programme national de développement participatif (PNDP) dans la région de l'Extrême Nord du Cameroun. Depuis près de dix ans, le Programme occupe des jeunes avec la construction de mares, de routes ou de maisons. « L'objectif est de réduire la pauvreté à la base. Il a été mis en place pour que les jeunes ne soient pas attirés par l'appât du gain de la secte Boko Haram », explique Roger Eyenga, qui coordonne le PNDP dans la région.

Sur les rives du Logone, des jeunes désœuvrés cèdent parfois à l'appel du terrorisme. La secte Boko Haram a déjà perpétré plusieurs attaques dans cette partie du pays. La mairie de Kousseri souhaite que de telles initiatives soient multipliées. « Si le gouvernement permet l’implantation de ce type de projets dans tout le département, c’est une bonne chose parce que nos jeunes ne seront plus désœuvrés, car ils seront employés dans ces différents projets. Et surtout voir le terrorisme reculer », avance Toudjani Alifa, adjoint au maire.

Au total, plus de 6 000 jeunes ont bénéficié de ces programmes ces dix dernières années, selon le PNDP. Des programmes financés à hauteur de 1,4 milliard de FCFA, soit environ 2 millions d'euros.

Cet article a été publié sur RFI.

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