Gabon: la filière thon et la question de l'industrialisation

Le Gabon, pays qui poursuit ses efforts de diversification de son économie, trop dépendante des recettes pétrolières. Un nouveau secteur a été ciblé dans le cadre de cette diversification de l’économie : la transformation locale du thon, un poisson migrateur qui abonde dans les eaux gabonaises. Près de 320 000 tonnes de thon sont pêchées au Gabon chaque année, mais ne sont pas débarquées dans le pays. Un forum s’est tenu du 11 au 13 mai dernier à Port-Gentil, capitale économique du pays, pour réfléchir sur cette industrialisation de la filière thonière. 

Près de 300 experts, pêcheurs et investisseurs ont participé au forum de Port-Gentil. Certains sont venus de Guinée Conakry et du Bénin. À ses convives, le ministre gabonais de la Pêche, Pascal Houagni Ambouroue, a expliqué pourquoi le Gabon mise dorénavant sur l'industrialisation de sa filière thonière : « Pendant longtemps, on a magnifié le secteur pétrolier, le secteur minier, le secteur historique comme le bois. Et on a un peu oublié le secteur pêche. Et le secteur pêche n'est pas en reste et peut davantage participer à la croissance du PIB ».

Selon les statistiques du gouvernement gabonais, près d’un quart du stock mondial du thon atlantique provient du Gabon. L'heure a donc sonné pour le pays de profiter au maximum de cette ressource. Blaise Louembe, ministre du Développement industriel : « La stratégie nationale d'industrialisation du Gabon stipule que toutes les matières premières doivent faire l'objet d'une troisième transformation au moins avant l'exportation. Et le thon ne va pas y échapper. Le Gabon doit être un acteur majeur et prendre sa part de 15 milliards de dollars que se partagent les producteurs de thon. Mais il doit aussi participer aux 50 milliards de dollars de produits finis. La pêche, et surtout l'industrialisation de la filière thonière, vont créer de nouvelles chaines de valeur et des milliers d'emplois directs et indirects ».

Des négociations d'investissements en cours 

Le thon est principalement pêché au Gabon par des chalutiers espagnols et français qui exportent directement tout le poisson vers les usines européennes. Emmanuel Berck, principalement négociateur des accords de pêche pour le vieux continent, était omniprésent durant le forum de Port-Gentil : « Pour un pays comme le Gabon, il est intéressant que la transformation et les débarquements puissent se situer dans ses eaux et sur son territoire, mais il y a encore des efforts à faire pour que cette industrialisation devienne une réalité ».

En effet, pour réussir cette industrialisation du thon, le Gabon doit au préalable réaliser d'importants investissements. Il faut notamment moderniser les ports de débarquement et créer des usines aux normes internationales. Les pourparlers seraient très avancés avec la Norvège pour financer certaines infrastructures. En 2017, une usine d'une valeur de 32 milliards de FCFA avait été construite mais n'a jamais fonctionné. Elle est actuellement en cours de dépoussiérage.

Cet article a été publié sur RFI.

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