RD Congo: une vingtaine de personnes tuées dans une nouvelle attaque attribuée aux ADF
Une nouvelle attaque, vendredi après-midi près du village d'Enebula dans l'est de la République démocratique du Congo, a fait au moins une vingtaine de morts, selon les autorités. Le groupe État islamique a revendiqué l'attaque samedi sur Telegram.
Une vingtaine de personnes ont été tuées, vendredi 8 avril dans l'après-midi, dans une nouvelle attaque attribuée aux rebelles ADF (Forces démocratiques alliées), affiliés au groupe État islamique, dans l'est de la République démocratique du Congo, selon des sources locales. Le groupe État islamique a revendiqué l'attaque samedi sur Telegram.
"L'ennemi ADF a tendu une embuscade à des cultivateurs, vendredi aux alentours de 16 h (14 h en temps universel, NDLR) près du village d'Enebula", a déclaré par téléphone Patrick Mukohe, vice-président de la société civile locale.
Il déclare avoir compté lui-même 21 corps d'hommes et de femmes sur le lieu du massacre, situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville d'Oicha.
"Je viens de réceptionner 19 corps (de villageois) tous tués par machette", note Jules Kambale, embaumeur à la morgue de l'hôpital d'Oicha, contacté par l'AFP.
L'administrateur militaire du territoire de Beni, le colonel Charles Ehuta Omeanga, confirme cette attaque qu'il attribue "aux terroristes ADF" mais garde la réserve sur le bilan des victimes "en attendant que (ses) éléments rentrent du terrain".
Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux – et authentifiée par Patrick Mukohe –, une foule entoure le corps d'un homme ligoté à un cadre en bois, la gorge tranchée. Des hommes filment son cadavre, déposé sur une bâche au pied d'un camion-benne où sont entassés d'autres corps, enveloppés dans des sacs mortuaires.
Au moment de l'arrivée des cadavres à la morgue d'Oicha, des jeunes ont tenté de barrer la route nationale toute proche en signe de protestation. Ils ont été rapidement dispersés par la police "qui est venue crépiter des balles pour libérer la route", précise le vice-président de la société civile. "La situation chez nous est catastrophique", conclut-il.
Plus de 60 morts en mars dans le Nord-Kivu
Cette attaque est le dernier épisode en date d'une vague de violences contre les civils, que l'armée et les autorités locales attribuent aux Forces démocratiques alliées.
Jeudi, l'ONU indiquait que plus de trente personnes avaient été tuées les 2 et 3 avril dans la province de l'Ituri, et plus d'une soixantaine de morts ont été attribués aux ADF pour le seul mois de mars dans la province du Nord-Kivu.
Les ADF sont à l'origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans qui ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l'est de la République démocratique du Congo, où ils sont accusés d'avoir massacré des milliers de civils.
Ils ont prêté allégeance en 2019 au groupe État islamique, qui les présente comme sa branche en Afrique centrale.
Les États-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu'à cinq millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d'une quarantaine d'années nommé Musa Baluku.
Cet article a été publié sur France24.