RDC: à Djugu, les structures sanitaires paralysées par les rivalités communautaires

Depuis 2017, à Djugu, en Ituri, des exactions contre des populations civiles sont perpétrées par des milices dites d’autodéfense communautaire. Ce climat d’insécurité permanente perturbe tous les aspects de la vie, de l’économie locale jusqu'aux structures de santé.

À l’entrée du centre de santé de Médecins sans Frontières dans le camp de déplacés de Rhoe, les patients se lavent les mains. La salle d’attente est pleine d’enfants. Ici, on prend en charge les jeunes de 0 à 15 ans, dont les principales pathologies sont liées aux mauvaises conditions de vie. « En premier lieu, nous avons les infections respiratoires, nous avons les maladies diarrhéiques qui sont aussi parmi les motifs de consultation. En plus de ça, nous avons aussi la malnutrition. Ce sont les trois principales maladies », explique Dr Faustin, pédiatre pour MSF.

Si les enfants sont accueillis gratuitement, les adultes de la zone doivent trouver de quoi payer leurs soins. Pas simple quand les activités économiques, essentiellement agricoles, sont paralysées par les attaques de groupes armés. À une dizaine de kilomètres, l’hôpital de référence de Drodro, en zone Héma, a été plusieurs fois l’une des cibles de la Codeco, une milice qui dit défendre les Lendu. « Il y a tant de problèmes, constate James Semire, directeur par intérim de la structure. D’abord, sur le plan médical, nous ne parvenons pas à faire bien nos tâches. Sur le plan social, même si nous avons des partenaires, il y a quand même une part qui revient au patient. Même si c’est peu, ça aide un tout petit peu à faire fonctionner l’hôpital. Et là, tout est foutu. »

« Tout peut arriver quand il y a des exactions »

Partout, le salaire des soignants diminue. C’est le cas aussi de Daniel Pidjo Goba, l’infirmier titulaire d’un centre de santé en zone lendu. Les armoires des médicaments pour les adultes sont presque vides. Impossible de s’approvisionner à cause de l’insécurité. Certains malades refusent également de faire le déplacement jusqu’à la structure de référence de Drodro. « Ils ont vraiment des réticences parce qu’on ne peut pas aller là où il y a l’insécurité, parce que tout peut arriver quand il y a des exactions. À cause de ça, les familles ne préfèrent pas y aller, jusqu’à ce qu’il y ait du calme », dit-il.

Dans le territoire de Djugu, ces exemples ne sont pas isolés. À cause du conflit, les villages Hema et Lendu, imbriqués, se renferment sur eux-mêmes.

Cet article a été publié sur RFI.

Previous
Previous

Centrafrique: le BRDC s’oppose au référendum constitutionnel du président Touadéra

Next
Next

Le retrait de la Monusco de RDC «n'est pas un tabou», selon la mission onusienne