RDC: l’économie à l'arrêt à Kakanda après la suspension du minier Boss Mining

Plus de quatre mois après avoir été sanctionnée par le ministère des Mines en RDC, les activités de Boss Mining, membre du groupe ERG, sont à l’arrêt jusqu'à la fin du mois de novembre. Les conséquences économiques se font déjà sentir dans la cité de Kakanda où est installée la société qui produit du cuivre et du cobalt. Ses employés craignent pour leur avenir, car les entreprises de la sous-traitance ont fermé leurs portes.

Les activités économiques dépendent à 90% de Boss Mining à Kakanda. C’est la seule entreprise opérationnelle dans cette région. Marcel Kalubi vend divers produits au marché de Kakanda. Depuis que la société est frappée par des sanctions du gouvernement congolais, son commerce ne tourne plus. En trois ans, il a perdu plus de 70% de son chiffre d’affaires. « Boss Mining avait au moins 3 000 travailleurs et 2 000 étaient résidents à Kakanda. À ce moment-là, les activités marchaient correctement. Moi, par exemple, je pouvais réaliser les recettes d’un million de francs congolais sur deux ou trois jours. Mais actuellement, ma recette journalière ne dépasse pas 40 000 francs congolais. Kakanda, sans Boss Mining c’est difficile », se désole le commerçant.

Difficile également pour les travailleurs de cette entreprise, car leur avenir est hypothétique. La société n’a relancé ses activités minières qu’en novembre 2022 après trois ans d’interruption. ERG et son partenaire la Gecamines avaient décidé de consacrer cette période à l’entretien des équipements et à la mobilisation des investissements. Six mois seulement après la reprise, la société est sanctionnée pour avoir causé la mort de huit personnes et des dégâts importants suite au débordement de son bassin en avril dernier. Pourtant, Boss Mining prévoyait atteindre, à la fin de l’année, une production de 1 800 tonnes de cuivre et 300 tonnes de cobalt. Cet agent de l’entreprise qui a requis l’anonymat est inquiet.

Des conséquences au quotidien 

« Nous avons cette crainte de voir ces sanctions pousser l’entreprise à fermer. Il y a aussi les entreprises de sous-traitance qui étaient ici et qui ont déjà arrêté leurs activités. Certains travailleurs de ces entreprises sont en congé technique. Nous, de Boss Mining, sommes encore là, mais nous craignons que cette sanction puisse nous envoyer au garage. »

La communauté de cette ancienne cité Gecamines est aussi impactée par l’arrêt des activités de Boss Mining. Le coût de l’eau et de l’électricité par exemple, pris en charge jusque-là par la société, risque de retomber sur cette population. Le secteur de l’éducation n’est pas épargné, indique Ben Kabajika, coordonnateur de la société civile de Katanga : « À ce jour, plusieurs familles n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école à cause du manque de moyens financiers. Le phénomène d’enfants mineurs (présents dans les carrières minières) commencent à prendre de l’ampleur. Le pouvoir d’achat baisse sensiblement, car Kakanda vit grâce à la présence de la société. »

Une équipe du ministère des Mines vient d’effectuer une mission d’évaluation dans cette cité. Les travailleurs de Boss Mining et les communautés locales espèrent voir le gouvernement lever les sanctions sur cette entreprise, leur seule source de revenus.

Cet article a été publié sur RFI.

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