Tchad: sans espoir de retour, les réfugiés centrafricains tentent de se prendre en charge

Depuis le début de la guerre au Soudan voisin, le Tchad est devenu le pays d’Afrique qui accueille le plus grand nombre de réfugiés sur son sol par rapport à sa population. Entouré de pays en crise, Ndjamena vient d’adopter une loi particulièrement progressive, citée par l’ONU comme un modèle en matière d’asile. Le Tchad accueille 750 000 réfugiés sur son sol, soit plus de 4% de sa population. Ils sont majoritairement Soudanais, mais aussi Camerounais et Centrafricains. Ces derniers sont regroupés dans des camps au sud non loin de la frontière. Certains s’y trouvent depuis déjà 20 ans et tentent de se prendre en charge pour pallier la raréfaction de l’aide humanitaire.

De notre envoyé spécial à Goré.

Cela fait bientôt 20 ans que Bellarmé Bemdjita a quitté la Centrafrique pour les camps de réfugiés de Goré, au Tchad. Fuyant les affrontements meurtriers qui opposaient alors les troupes du président Patassé à celles du Général Bozizé. Il a vu l’aide humanitaire diminuer au fil du temps. Tandis que l’insécurité persiste dans son pays. « Nuit et jour, il y a des coups de fusil qui sont passés par là. Donc, les réfugiés ne veulent même pas traverser et repartir dans leur pays d’origine. Au début, il y a une prise en charge totale, et maintenant comme il y a trop de réfugiés, il n’y a pas l’enveloppe qui peut quand même couvrir tous les réfugiés. Donc maintenant, ce sont les réfugiés eux-mêmes qui se prennent en charge, en cultivant de la terre pour avoir accès à la nourriture. »

Se prendre en charge comme le fait Nestor Mouadoum arrivé lui aussi en 2003 et qui dans sa parcelle cultive des arachides. Le Tchad, régulièrement cité par l’ONU comme un modèle en matière d’asile a fourni des terres aux réfugiés. Problème, les sols s’épuisent au fil du temps et les rendements baissent : « Ça fait 20 ans que je travaille ces deux mêmes hectares. Au départ ça marchait très bien, mais aujourd’hui la terre s’est appauvrie et je ne gagne pratiquement plus rien.  Avant sur un hectare, on pouvait récolter 30 à 33 sacs. Aujourd’hui, c’est à peine si on s’en sort avec 8 sacs », explique-t-il.

Par conséquent, l’insécurité alimentaire menace. Dans certaines zones le taux de malnutrition atteint les 42% selon le Programme alimentaire mondial qui manque cruellement de financement, depuis le début de la crise au Soudan. « Il ne faut pas oublier le sud du Tchad, bien que la tension soit braquée à l’est. Le Programme alimentaire mondial aurait besoin de 182 millions de dollars, d’urgence, sur les six prochains mois afin de continuer cette assistance alimentaire au niveau des réfugiés, ainsi que des populations vulnérables. Si on ne les reçoit pas, on est obligé d’arrêter l’assistance » indique Zomamisoa Rafeno, cheffe du PAM à Goré.

Un sondage réalisé par le HCR, indique que près de la moitié des réfugiés centrafricains ne souhaite pas rentrer dans leur pays d’origine, même s’il retrouve la stabilité. 

Cet article a été publié sur RFI.

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