Congo-Brazzaville: face à l’autisme, la Case Dominique lutte contre la stigmatisation

Ils passent dans la société congolaise pour des sorciers. Les enfants autistes sont victimes d’énormes préjugés au Congo-Brazzaville. Depuis 1999, l’école de la Case Dominique, en plein cœur de Brazzaville, tente de changer la donne par l’éducation et la sensibilisation. Elle accueille cette année 350 élèves souffrant d’autisme et de trisomie.

De notre correspondant à Brazzaville,

Tôt ce matin, le soleil brille fort et la chaleur est suffocante. Dans une salle du premier niveau de l’école Case Dominique, Dudal Ndolo dispense un cours d'expression. « D’aucuns ont encore un problème de langage. On les aide à mieux articuler les mots », explique-t-il.

À l’ombre de deux palmiers, des mamans attendent leurs enfants autistes qui doivent terminer le cours à 11 heures. Parmi elles, Coco, une mère de 45 ans qui nous explique pourquoi elle a conduit sa fille Edith, 12 ans, dans cette école inclusive. « Oui ! Parce qu’elle avait des difficultés à apprendre à l’école ordinaire. Elle n’apprenait pas très bien. Elle n’arrivait pas à assimiler les leçons. Voilà pourquoi j’ai pensé à l’emmener ici », témoigne-t-elle. 

Des progrès enregistrés

À son inauguration en 1999, le Centre travaillait avec les enfants victimes des conflits armés, avant de se fixer sur l’orientation et la prise en charge des enfants autistes. Son directeur Dieumerci Nakavoua salue les performances enregistrées. « Nous avons un enfant autiste qui a commencé avec toutes les difficultés. Aujourd’hui, il se retrouve en France comme artiste peintre. Il y a des enfants qui émergent », affirme-t-il.

La sœur Ida Pélagie Louvouandou, coordonnatrice de l’école, foulard vert bien noué sur sa tête, reconnaît qu’au Congo, les enfants autistes sont victimes de stigmatisation. « D’abord, on ne les comprend pas. Au niveau des préjugés, on pense que ces enfants sont des sorciers, on pense qu’ils sont envoûtés par tel ou tel. On pense qu’ils sont sous l’emprise d’un mauvais esprit qui les conduit et les anime à faire ceci ou cela. Aujourd’hui, malheureusement, il y a beaucoup de couples qui se séparent à cause de l’autisme », regrette-t-elle.

Des personnes encore rejetées

Pour combattre ces nombreux préjugés, la Case Dominique mène des actions. « Depuis deux ans, nous avons opté pour une sensibilisation de masse : nous allons, de temps en temps, dans les rues avec nos feuillets, à la rencontre des gens pour leur parler et leur expliquer que l’autisme est un phénomène naturel qui existe et que nous devons accueillir avec beaucoup de respect », affirme la religieuse. 

Selon la sœur Ida Pélagie, le discours n’est pas encore très bien perçu, car les enfants autistes sont encore rejetés dans les transports en commun, les bus notamment. Selon certains experts, le Congo-Brazzaville ne dispose pas de statistiques sur l’autisme.

Cet article a été publié sur RFI.

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