RDC: des entrepreneurs dénoncent la pratique du «prête-nom» chez les sous-traitants

Ce procédé utilisé par grandes entreprises est un goulot d'étranglement du secteur de la sous-traitance en RDC. Selon l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé, 80% du marché est détenus par des étrangers. Les entrepreneurs congolais dénoncent des pratiques de corruption qui favorisent la fraude dans le secteur. Ils exigent des sanctions vis-à-vis des multinationales qui ne respectent pas la loi. 

« Nous avons des fiches de vidange. Chaque fois que nous allons vidanger chez un abonné, il y a une signature de certification. » Patrick Wamanganda est le directeur de la Générale d’assainissement, une entreprise spécialisée dans la gestion des déchets qu’il a montée il y a plus cinq ans à Kolwezi. Avec ses 20 employés, Patrick travaille avec des particuliers, car le marché de la sous-traitance dans le secteur minier par exemple, est verrouillé.

Selon lui, les expatriés, gérants d'entreprises vont jusqu'à soudoyer des Congolais pour qu'ils prêtent des noms à leurs sociétés afin d’échapper au contrôle de l'État. « Celui qui décide, c'est un expatrié, il sait que ce marché va produire deux, trois, quatre, cinq millions. Il préfère faire venir ses frères. Ils utilisent un nom congolais ou ils passent par une entreprise congolaise qui a le marché, explique Patrick Wamanganda. Vous qui n'avez même pas un marché d'à peine 10 000 dollars, quand on vous propose 15 000 dollars ou 20 000 dollars, vous ne pouvez qu’accepter. »

Le secteur privé n’est pas le seul accusé de confisquer le marché de la sous-traitance, il y a également le secteur public. Germain Pungwe, président du Patronat à Kolwezi l'a dénoncé fin septembre lors du forum Expo Béton. « La FEC Lualaba pense que les marchés publics doivent être une occasion pour promouvoir l'entrepreneuriat en créant des marchés destinés aux nationaux, indique-t-il. Aussi, il a été noté la présence de plusieurs entreprises créées par des décideurs, des donneurs d'ordres qui, au détriment des entreprises traditionnelles du secteur de la sous-traitance, prennent tous les marchés. »

Campagne de contrôle

Dans le secteur de la sous-traitance, 8 milliards de dollars échappent chaque année à l'économie du pays, a déclaré pour sa part le directeur général de l'Autorité de régulation de la sous-traitance. Pour tenter de remettre de l’ordre, l’État a lancé au début de ce mois d’octobre une campagne de contrôle dans le secteur minier. Le souci est de voir les nationaux accéder aux 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance. « Le Congo est au niveau de la sous-traitance, mais les autres pays sur le continent, c'est sur les activités principales que les nationaux doivent détenir des parts sociales, considère Miguel Katemb, est le directeur général de l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé. À titre statif, à Dubaï, c'est 50% pour un ressortissant du pays. En Afrique du Sud, c'est 26% des parts dans les sociétés principales pour un Sud-Africain. »

Cette année, le nombre des sociétés à capitaux congolais est passé de 4 000 à 15 000. Toutes veulent avoir accès au marché de la sous-traitance afin de relever l’économie du pays.

Cet article a été publié sur RFI.

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