RDC: un mois après les inondations de Kalehe, la crise économique s’installe dans la durée

Un mois après les pluies torrentielles qui se sont abattues en République démocratique du Congo, les villages de Bushushu et Nyamukubi restent coupés du monde, ou presque. Seul accès : le lac Kivu. En plus du traumatisme vécu, une crise économique s’installe pour les milliers de rescapés dont la relocalisation se confirme chaque jour un peu plus.

Sur place, les milliers de rescapés de Bushushu et Nyamukubi sont privés de leurs principales activités rémunératrices : l’agriculture - plus de 3000 hectares sont impraticables - et la pêche interdite en raison de la pollution liée aux éboulements, charriant les corps de plus de 5 000 disparus et des têtes de bétail. La route RN 2 entre Goma et Bukavu étant encore coupée au niveau du pont Makele, l’approvisionnement et l’assistance se font par le lac. Seul accès pour désenclaver le territoire de Kalehe.

Archimède Karhebwa en est l’administrateur adjoint : « Pour la pêche, leurs biens, leurs effets, ils ont été emportés. Pour ceux qui vivaient de l’agriculture, comprenez que les champs ont été impactés. Pour ceux qui vivaient de l’élevage, dans les décombres, on a même ramassé des têtes de bétail. Tout a été emporté. Actuellement ils vivent d’un côté soit des dons du gouvernement soit de l’assistance des humanitaires. »

Et les opérations économiques ne sont pas près de reprendre à Kalehe, autrefois réputé pour son marché régional, lui aussi enseveli le 4 mai dernier. Un jeudi noir, car c’était en plus jour de marché. Aujourd’hui encore et pour les mois qui viennent, le PAM, le Programme alimentaire mondial, va continuer via ses partenaires à distribuer des sacs alimentaires pour la survie de milliers de rescapés.

Francis Béré est le patron du PAM à Bukavu : « Le PAM a commencé une assistance pour une période de quatre mois. Une assistance pour 50 000 personnes affectées. Pour ces quatre mois, c’est environ 780 tonnes qui seront distribuées mensuellement et le panier alimentaire est composé de céréales, de légumineuses, d’huile et de sel. »

Autre conséquence de cette catastrophe : l’accès aux terres, condamné pour longtemps. Le comité de crise étudie donc plusieurs pistes de relocalisation. Les sinistrés, hébergés dans des maisons d’accueil, vont devoir être réinstallés à plusieurs kilomètres de là. Charles Kalemaza est le directeur des opérations humanitaires au Sud-Kivu pour Caritas : « La relocalisation serait l’idéal, car sur les villages où ils ont perdu leurs abris, ils ne pourront pas y revenir. Il y a des plantations où ces gens-là souhaiteraient aller et si le gouvernement réussit à les acquérir pour les installer définitivement. »

Les plantations souhaitées par les sinistrés sont celles de Ihusi et de Kabira - à cinq kilomètres de Bushushu - détenues par le groupe Taverne dirigé par Bahati Lukwebo Modeste, également président du Sénat.  

Mais pour l’heure, un seul site a été proposé : l’ancien aérodrome de Lwako dans le village de Tshibanda avec ses maisons types financées par la fondation de la première dame, mais seules 300 personnes pourraient y vivre. Un site jugé peu pratique, car loin des champs et très loin des besoins des milliers de sinistrés de Kalehe.

Cet article a été publié sur RFI.

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